Expositions

 

 

 

 

 

 

À Paris

 

 

 

 

C'est l'un des charmes de la vie dans les XIe et XIIe arrondissements de Paris, que de rencontrer au fil des promenades quelques œuvres offertes à tous relevant du « Street Art » - Street art comme si, au passage, nous étions incapables de trouver un vocable français pour signifier ces peintures ou sculptures qui ornent les lieux les plus improbables de la capitale et éclairent des voies quelquefois bien mornes... Ajoutons qu'hélas le commerce de l'art a récupéré ces créations qui se voulaient sauvages et hors de toute contrainte... Il faut bien vivre!

 

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Ici à la frontière des deux arrondissements, depuis quelques mois un (une?) plasticien (enne?) conjuguant l'humour, l'invention et le sens offre aux habitants du quartier une production qui sous son aspect ludique n'en est pas moins riche de sens : la bouche d'une soufflerie du métro servant de moteur, l'artiste a disposé des sortes de baudruches en tissus, gonflées par le courant d'air elles prennent la forme d'animaux vibrants aux rythmes du souffler. Ce furent des éléphants ou plutôt des éléphantes et leurs petits, puis il y quelques semaines des flammes rouges et jaunes symbolisant le drame de l'Amazonie en feu, enfin à des poissons semblant sortir d'une onde empestée pour chercher un peu d'oxygène, actuellement se sont ajoutés des éléphants rouges à pois comme des bêtes à bon Dieu et un tigre bondissant.

 

Créations éphémères ne durent que quelques jours, la violence du souffle fait craquer les coutures et il ne reste plus que quelques loques flottant au vent. On l'a compris ce jeu qui amuse tant les riverains n'en est pas un et se cache derrière l'humour un avertissement très sérieux : l'homme est en train d'éliminer la faune qui ne lui est pas strictement utile, il pollue et asphyxie les océans, fait de la terre un morne désert. Certes tout cela n'est pas nouveau et occupe les médias, mais il est sympathique et même bon que dans la quotidien des habitants quelques manifestations amusantes rappellent ces choses.

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Le lieu où l'on peut voir ces créations – la station Faidherbe-Chaligny sur la ligne 8 - n'a rien d'anodin : C'est ici qu'a éclaté l'un des premiers événements de la Révolution française ; la révolte, « l'émotion » comme on disait alors, des ouvriers de l'industriel Réveillon, fabriquant de papiers peints, devant la diminution d'un salaire qui déjà ne permettaient qu'à grand peine de faire vivre une famille. Signe dont nos dirigeants qui, en fait, ne dirigent rien du tout feraient bien de ne pas oublier.

 

Le promeneur au hasard de ce quartier qui fourmille de créateurs, journalistes, artistes, acteurs, écrivains, - c'est l'un des derniers où on peut se loger à Paris - pourra aussi s'amuser à chercher d'autres images, Miss Tic par exemple tout près de là au croisement de la rue Saint Bernard et d'autres encore : bonne chasse...

 

Gilles Coÿne